Pierre Bismuth, Abstractions sur le thème des nations

Depuis plus de trente ans, l’œuvre de Pierre Bismuth questionne le statut de l’artiste et de sa production artistique, phagocytés dans l’industrie des loisirs et du divertissement. Bismuth manipule par là même les techniques et savoir-faire de la création pour mieux s’en affranchir. C’est ainsi qu’en reprenant les codes de l’art conceptuel et plus particulièrement de l’appropriationisme, il utilise des extraits de films, des images trouvées ou des œuvres d’autres artistes. C’est aussi pourquoi sa rétrospective au Centre Pompidou avait pour titre « Tout le monde est artiste mais seul l’artiste le sait ». En 2016, il réalise « Where is Rocky II », son premier long métrage, après avoir co-signé le scénario de « Eternal sunshine of the spotless mind » en 2004. 

Son travail sur les drapeaux, dont le principe est de créer de nouveaux emblèmes nationaux par la fusion des pavillons de deux pays différents, a été initié en 2019 avec une série intitulée Abstractions et dont les combinaisons étaient déterminées par les données sur les flux migratoires vers l’Europe. L’œuvre a depuis évolué avec les Variations sur le thème des nations puis les Abstractions sur le thème des nations, toujours basées sur des données politiques, économiques, ou sociales, présentes ou passées, comme dans cette série inspirée par des statistiques sur les échanges commerciaux internationaux et créée spécialement pour le Nouveau Musée National de Monaco à l’occasion de l’exposition « Tremblements, acquisitions récentes du NMNM ».

Les compositions qui en résultent deviennent des objets picturaux à part entière, convoquant à la fois une histoire de l’art du XX^ème siècle ainsi qu’un sentiment d’étrangeté et d’évidence.