Ali Cherri, Le Barrage, 2022 En partenariat avec l'Institut audiovisuel de Monaco
Projection en présence de l’artiste
Le NMNM et l’Institut Audiovisuel de Monaco ont choisi de collaborer en programmant les créations d’artistes dont la pratique se situe à mi-chemin entre le cinéma et l’art contemporain : films singuliers par leurs formes, leur système de narration, mais aussi par leur mode de production et de diffusion. Pour cette saison 2022-2023, la programmation Tout l’art du cinéma de l’Institut audiovisuel de Monaco et le NMNM présentent le film de Ali Cherri, Le Barrage.
Né à Beyrouth en 1976, Ali Cherri grandit dans un pays en pleine guerre civile. Formé à l’Université américaine de Beyrouth et au DasArt – Académie de théâtre et de danse d’Amsterdam, son travail questionne la construction des récits historiques au travers de films, vidéos, sculptures et installations. Les motifs du traumatisme et de la ruine sont récurrents dans son œuvre où matériaux telluriques et objets archéologiques s’agencent, s’opposent ou se dégradent pour faire rejaillir les traces du passé. Dans Trembling Landscapes (Paysages tremblants, 2014-2016), il met en évidence les lignes de faille qui ont entraîné des tremblements de terre catastrophiques, en juxtaposant une série de cartes aériennes de Beyrouth, Alger, Damas, Erbil, La Mecque et Téhéran, avec des exemples de troubles politiques. En 2017, pour Somniculus, il filme des galeries désertes de musées parisiens et met en lumière les rapports qu’entretiennent les objets exposés et la société qui les entoure. Récemment invité en résidence à la National Gallery de Londres, il s’est intéressé à des peintures victimes de dégradation, les envisageant comme des corps blessés.
Ali Cherri vit aujourd’hui entre Beyrouth et Paris. Il a reçu le Lion d’argent de la Biennale de Venise en 2022. Le Barrage, sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, est son premier long métrage.
Première partie
L’instantané « Monaco en films », issu des collections de l’Institut.
Le Barrage
Ali Cherri
France, Soudan, Liban, Allemagne, Serbie, Qatar, 2022, couleur, 80 min., vostf.
Réalisation : Ali Cherri. Scénario : Ali Cherri, Geoffrey Grison en collaboration avec Bertrand Bonello. Image : Bassem Fayad. Effets spéciaux : Mel Massadian. Musique originale : ROB. Montage : Isabelle Manquillet, Nelly Quettier. Production : KinoElektron, Galerie Imane Farès, Vega Foundation, DGL Travel, Twenty Twenty Vision, Trilema. Avec : Maher El Khair (Maher).
Soudan, près du barrage de Merowe. Maher travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de boue. Alors que les soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble prendre vie…
Dans Le Barrage, voici Maher, un ouvrier d’une briqueterie traditionnelle, au Soudan, qui façonne l’argile, aligne les blocs, les empile, dans un mouvement maîtrisé, mille fois répété. Ali Cherri saisit la même chorégraphie selon différents plans, étourdissants, la géométrie des « pavés » se prêtant à l’exercice de beauté : couleurs de glaise, soleil argenté, allumage d’un four comme un feu d’artifice, jets de fumée sortant des murs « soupapes ». Quand pourront-ils lâcher la pression ? Corps penchés, courbés, soulevant, puis, enfin, au repos, se baignant dans les eaux du Nil, se lavant de ce travail éreintant. En bas de son dos, la peau de Maher rougit et se craquelle, comme une terre asséchée. La caméra s’attache à son regard magnétique.
Théâtre des Variétés, 1 bd. Albert Ier
Billetterie sur place le soir de la projection.
Tarifs : 6 €
Etudiants et moins de 21 ans : 3 €
Parking : Condamine
Bus : Place d’Armes ou Stade nautique